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Légende de la Gruyère 

La sorcière de Catillon

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Chanceux êtes-vous si vous ne l’avez jamais croisé en chemin, si vous ne l’avez jamais vu gesticulé au milieu d’un clairière, si vous n’avez jamais entendu ses éclats de rire.

Bienheureux êtes-vous si vous n’avez jamais subi ses colères, si elle ne vous a jamais effleuré avec ses longs cheveux roux qu’elle n’attache jamais, si elle ne vous a jamais demandé une tasse de lait ou un quignon de pain, si vous ne l’avez jamais vu embrasser et parler aux arbres, si vous ne l’avez jamais vu gambadée, courir et sauter de pierre en pierre dans le lit d’un ruisseau.

Bénis êtes-vous si vous n’avez jamais croisé son regard maléfique.

Car si vous aviez vécu une de ces choses étonnantes, alors le malheur était sur vous et vos proches. C’était des maladies et des accidents pour les bêtes. C’était les ravageurs dans vos cultures et vos réserves. C’était tant de désolations que vous en perdiez le gout de vivre !

Oui ! Oui bones gens c’est ainsi que l’on parlait jadis de la dénommée Catherine Repond, la brave Catillon de Villarvolard. On l’a accusé des pires choses... et pourtant...

On l’a accusé de sorcellerie et on a fini par la brûler sur la colline du Guintzet à Fribourg. Oui, on l’a brûlée parce qu’elle était pauvre, parce qu’elle était libre, parce qu’elle dansait dans les clairières, parce qu’elle avait le rire facile, parce qu’elle n’avait pas sa langue dans sa poche, parce qu’elle avait les cheveux rouges qu’elle n’attachait jamais...

On l’a brûlée parce qu’elle était belle !

C’était au temps où beauté, liberté et le diable ne faisait qu’un. C’était au temps ou une classe riche et paternaliste régnait en répondant les peurs et les croyances !

Catillon en a fait les frais. Ces temps sont heureusement révolus à jamais, espérons-le, et pourtant, en cherchant un peu parmi vous, sur qu’on pourrait en trouver quelques-unes de ses sorcières bien-aimées.

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